dimanche, 5 mars 2017
 

Pour le respect des principes qui fondent le halal

Depuis qu’un certain nombre d’acteurs économiques ont pris conscience des enjeux financiers importants que représentait le marché du halal, les débats autour de la question vont bon train. Les industriels et la grande distribution sont désormais déterminés à s’accaparer ce marché.

La prise de conscience des consommateurs musulmans autour des fraudes au halal, ainsi que les régulières déclarations officielles de leurs représentants religieux, ont amené certaines enseignes de la grande distribution et quelques industriels profitant de la manne du halal à contre-attaquer dans le but de supplanter les autorités religieuses et d’imposer leur vision du halal. Ces acteurs économiques souhaitent en effet en devenir les clercs ou les « mouftis », pour continuer à jouir du très prometteur marché halal sans en respecter les exigences et les spécificités.

Depuis quelques mois, des discussions se trament en coulisse dans le but d’aboutir à un référentiel halal. « Enfin ! », s’exclameront beaucoup de musulmans. Malheureusement, ces projets font la part belle aux prérogatives des acteurs économiques, le plus souvent aux dépens des conditions et normes religieuses. Pire, les autorités religieuses et les acteurs de la certification halal les plus reconnus et les plus exigeants sont progressivement écartés.

Ces projets reposent en effet sur deux fondamentaux qui sont d’une telle aberration que l’on ne peut s’empêcher de penser que les musulmans sont encore et toujours considérés comme des sous-consommateurs par ces opérateurs économiques :

- Cette manière d’agir nous inquiète car ces référentiels réintroduisent la pratique de l’assommage pourtant clairement et fermement refusée par le CFCM en tant qu’organe représentatif de la communauté musulmane de France.
- Ensuite, et surtout, ils veulent s’arroger le pouvoir de la certification halal sans aucune référence islamique pour ne plus dépendre d’institutions religieuses, mais de n’importe quel organisme de certification ou d’audit privé. Ceci est grave et démontre finalement le réel mépris des opérateurs économiques à l’endroit des musulmans.

Nous tenons à rappeler d’une façon solennelle que le terme « halal » renvoie à une notion religieuse encadrée par la jurisprudence islamique et que seule une autorité religieuse telle que le CFCM est compétente pour définir le halal et en préciser les modalités de contrôle et de certification. Il n’est donc pas admissible que des opérateurs privés tentent pour des raisons mercantiles de déposséder les musulmans et leurs représentants de la légitimité à déterminer le caractère islamique des produits qu’ils consomment.

Les consommateurs musulmans qui, depuis quelques années, ont compris le poids économique qu’ils représentent aussi bien en France qu’en Europe n’accepteront pas que les acteurs économiques puissent s’ingérer dans la pratique de leur religion en leur imposant une nouvelle conception des règles du rituel islamique.

Nous appelons les musulmans à réagir en refusant de cautionner ces pratiques et en affirmant leur volonté de ne pas voir le rituel islamique évoluer au gré des intérêts de tous ceux qui tentent de nous imposer une conception du halal totalement éloignée de notre tradition et de nos rites religieux.

C’est aux seuls musulmans qu’il appartient de s’accorder sur la définition du halal et sur les procédures de contrôle et de certification, qui renvoient à la notion de témoignage « shahâda » en islam.

C’est pourquoi, nous appelons le CFCM, dans un esprit de concertation, à agir au plus vite en élaborant un référentiel de certification halal respectueux de la tradition musulmane et des règles émises par les savants contemporains.

Nous exigeons enfin que les industriels et la grande distribution fassent montre de respect, de considération et d’intégrité à l’égard des consommateurs musulmans et qu’ils ne s’arrogent plus le droit d’édicter leurs principes en matière de rituel islamique.

Voir en ligne : Signer la pétition


 
A propos de ASIDCOM
A propos d’ASIDCOM Créée en 2006 et présidée par Abdelaziz Di-Spigno jusqu’à juin 2011, l’association ASIDCOM est une association de consommateurs musulmans, déclarée ( type loi 1901) le 3 octobre 2006 en Préfecture des Bouches-du-Rhône, puis déclarée le 28 janvier 2013 à la Préfecture du Nord et elle (...)
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