samedi, 19 septembre 2020
 

Communiqué d’ASIDCOM : L’abattage rituel et la Mission Commune d’Information du sénat (MCI)

Les pratiques trompeuses sur le marché halal sont très répandues. Elles sont connues, depuis les années 80 (voir document joint ci-dessous), par les autorités publiques et un certain nombre de consommateurs musulmans. L’association ASIDCOM de consommateurs musulmans a souhaité depuis sa création, en 2006, travailler afin de lutter contre cette situation insoutenable.

Malheureusement, nous nous trouvons contraints à consacrer une part considérable de notre activité pour défendre le droit des musulmans français pour manger selon leurs convictions religieuses. Ce droit élémentaire de liberté de conscience est régulièrement, durant ces dernières années, mis en cause avec des arguments infondés.

Le premier suggère que l’abattage rituel n’est pas adapté au bien-être animal. Or le caractère humain de l’abattage religieux est reconnu par l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale). Les pays de l’Europe, y compris la France, comptent parmi les 187 pays membres de l’OIE, le leader mondial dans l’établissement de normes internationales de protection des animaux. En tant que membre, la France adhère aux positions de l’OIE au sujet de la protection animale.

Le deuxième est la transparence vis-à-vis des consommateurs non musulmans et non juifs. Or la volaille (à quelques exceptions près), abattue en France pour le marché halal subie l’électronarcose (bain d’eau électrique). 14% des viandes de bœufs, veaux et ovins sont issues d’abattage rituel (avec ou sans étourdissement) en France, selon INTERBEV. Mais si on rapporte ce chiffre à la totalité de la viande (volaille, porc, bœufs, veaux et ovins, …) produite en France, les viandes issues d’abattage rituel (avec ou sans étourdissement) ne représenteraient que 4,5% de la production française. Rappelons ici que les musulmans représentent au moins 10% de la population française.

Sur le plan sanitaire, Le contrôle est effectué de la même façon et par les mêmes inspecteurs vétérinaires sur les animaux issus du circuit d’abattage classique et du circuit d’abattage rituel.

En apprenant la mise en place d’une MCI (Mission Commune d’Information) par le Sénat sur la filière viande en France et en Europe, suite au scandale de la viande de cheval, nous nous attendions à ce que cette mission se penche, enfin, sur les graves problèmes de tromperie sur le marché halal. C’est le contraire qui a eu lieu. L’abattage rituel était encore une fois cible, sous couvert des mêmes arguments infondés.

Nous avons écrit à la MCI afin d’attirer son attention :
-  que les consommateurs musulmans exigent de garder leur droit à manger selon leurs convictions religieuses. Ils n’acceptent pas d’étourdissement ni avant ni après la saignée.

-  que tout traitement non égalitaire vis-à-vis des deux communautés religieuses musulmane et juive concernant la question de l’abattage rituel sera considéré comme un agissement discriminatoire.

-  qu’il devient urgent d’établir une définition juridique qui met en évidence un lien direct entre l’abattage rituel et le terme « halal », afin de permettre aux consommateurs musulmans de bénéficier d’une protection, équivalente à celle des autres consommateurs en France.

-  que nous souhaitons être auditionnés afin de représenter les consommateurs musulmans.

La présidente de la MCI nous a fait savoir, dans une lettre rédigée le 26 juin et reçue le 1 juillet 2013, qu’il n’était plus possible de satisfaire notre demande d’audition. Elle nous a invités cependant à soumettre une contribution écrite, avant le 5 juillet. Mais à notre surprise, nous avons constaté, en visionnant l’audition des représentants de la communauté juive, qu’il était toujours possible de prévoir des auditions supplémentaires afin de débattre autour de la question d’abattage rituel et bien-être animal.

Tous les chemins mènent à Rome. Partant du scandale de cheval, on se trouve face à une mission commune d’information anti Abattage Rituel. D’ailleurs, M. Bruno Fiszon, grand rabbin de Moselle, a parfaitement résumé le manque de neutralité de cette mission vis-à-vis de la question de l’abattage rituel, en s’adressant à sa rapporteure :

« Nous avons certes un parti pris dans ce débat ; mais vous en avez également un quand vous n’interrogez que les scientifiques qui vont dans votre sens. Je constate de plus, Madame la rapporteure, que vous avez déposé plusieurs propositions de loi visant à interdire l’abattage rituel. Vous n’êtes donc pas neutre dans ce débat et je suis étonné que l’on vous confie la fonction de rapporteure de cette mission alors que vous avez clairement pris position sur ce point. »

« À mes yeux, il y a une sorte de malhonnêteté dans le fait de vouloir étiqueter spécifiquement le mode d’abattage. »


Récapitulatif des démarches d’ASIDCOM auprès de la mission commune d’information sur la filière viande :
- 25 juin 2013 : lettre envoyée à la rapporteur de la MCI, avec mise en copie à plusieurs responsables politique et religieux (lettre + réponse)
- 4 juillet : devant non volonté de nous auditionner, envoi d’une contribution écrite sur la tromperie généralisée touchant les consommateurs musulmans sur la viande "halal" et données scientifiques sur l’abattage rituel(contributions)


 
A propos de ASIDCOM
A propos d’ASIDCOM Créée en 2006 et présidée par Abdelaziz Di-Spigno jusqu’à juin 2011, l’association ASIDCOM est une association de consommateurs musulmans, déclarée ( type loi 1901) le 3 octobre 2006 en Préfecture des Bouches-du-Rhône, puis déclarée le 28 janvier 2013 à la Préfecture du Nord et elle (...)
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